Association pour la Légèreté en Equitation

International Dressage & Equitation Association for Lightness

 

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mon cheval m a ditC'est un bel ouvrage avec une superbe couverture ; à le voir et à le prendre en main, il est d'une telle qualité qu'on s'étonne presque qu'il soit auto-édité. Beaucoup d'illustrations, photos et dessins en font un bon outil pédagogique. Mais les 2 ou 3 petites coquilles ou détails de présentation qu'on pourrait relever ne sont rien par rapport à la richesse d'un texte fruit de plus de quarante ans d'expérience de l'enseignement de notre sport et loisir favori, l'équitation.

Son livre présente 3 parties logiques, l'enseignant, le cheval et le cavalier, et l'auteur commence donc par l'humain. Je le taquinerais volontiers en relevant p 11 sa phrase « l'humain, morphologiquement, n'est pas fait pour monter à cheval », car la pratique assidue et numériquement impressionnante actuelle me paraît prouver le contraire. De même sa remarque sur « l'homme d'aujourd'hui … introverti, replié sur lui même » p 20 me semble un peu exagérée, même s'il faut sans doute la voir comme une provocation d'enseignant pour amener ses élèves à se grandir dans la selle …
Mais il y a de belles idées, comme la comparaison de la main du cavalier « tenue comme s'il avait dans la main une éponge gorgée d'eau et qu'il ne veuille pas en perdre une goutte ».

Et puis Yves Katz n'hésite pas à vous faire réfléchir. La notion d'isopraxie, déjà mentionnée dans sa préface par le Cl de Beauregard, est introduite dès la page 29 en annonçant un peu plus loin la définition. Le juge de dressage que je suis ne partage pas toujours ses remarques, par exemple celle disant que "les allures rassemblées semblent, au niveau de la haute compétition et de ce qu'en présentent les médias, se dégrader" . Cette affirmation, après les belles reprises des meilleurs cavaliers des nations de tête aux récents Jeux Olympiques, mérite d'être discutée. L'idée que le cheval est apte de nature à tout ce qu'on lui demande, et qu'on a "rien à lui apprendre" (p43) m'étonne un peu, car chacun sait que les appuyers par exemple ne sont pas un mouvement naturel. Mais j'aime bien les variations sur le principe "demander souvent, se contenter de peu, récompenser beaucoup". Je discuterai sur la notion de "remonter son garrot" abordée pages 52 et 53, car physiquement celui-ci ne monte pas, ce sont les muscles qui portent la cage thoracique entre les épaules qui fonctionnent et donnent au cavalier le sentiment que le cheval remonte sa base d'encolure ... Et puis enfin, parfois on aimerait un peu plus d'argumentation comme lors de la critique page 62 de la cession à la jambe "fédérale" ...

Mais il y a de nombreuses citations utiles et bien plaisantes comme celle-ci page 57 sur ce qu'est le dressage pour le cheval : " accepter avec bonne volonté, bonne grâce et disponibilité de se soumettre entièrement à la volonté du cavalier " .... ce n'est d'ailleurs qu'un objectif, car "se soumettre entièrement" reste du domaine du rêve, ou des quelques minutes d'état de grâce que l'on rencontre parfois ... Des conseils pratiques foisonnent, dont je retiendrai celui de l'utilisation du rond de longe pour les débutants et pas pour un travail à la longe, plus profitable sur des terrains ouverts !

La conclusion montre le souci du vrai professionnel, souhaitant donner du contenu technique à ses élèves, pour aller vers la fidélisation des cavaliers et la rentabilité des établissements équestres. Puisse ce livre bien écrit et bien présenté, avec de nombreuses illustrations, aider à faire comprendre ce qu'est la bonne équitation, à développer l'autonomie des cavaliers, et à transmettre des valeurs, qui au delà de quelques détails techniques, sont communes aux vrais passionnés de dressage et d'équitation, et surtout rapprochent autour d'elles beaucoup d'hommes et de femmes "de chevaux" !

BM 21/08/2016