Le livre de Jean-Claude Barry intitulé « Le travail à la main selon l'Ecole française » est paru en 2014 chez Lavauzelle, et il en a peu été parlé . C'est dommage, car sous une forme concise et abondamment illustrée de nombreuses photos, cet ouvrage s'avère précieux.
Tout d'abord il insère quelques principes de base du dressage qui gagnent à être rappelés ; par exemple à la page 19 : « même si le cheval a un fort pouvoir d'acceptation, il a par dessus tout le sens de la justesse et de la justice ». Ou bien des conseils techniques essentiels et parfois oubliés ; par exemple il mentionne à la page 25 : « dans tout cet apprentissage ( du travail à pied ) l'arrêt doit être tenu » ( l'immobilité doit être acquise ). En effet, comment pourrait-on commencer le travail à la main si le cheval n'était pas calme à côté de son cavalier, donc pas en confiance ?
L'intérêt des illustrations est de donner une description détaillée des flexions de mâchoire, domaine dans lequel je n'ai que des notions élémentaires et que je n'ai jamais approfondi … mais où certains enseignants peuvent éventuellement trouver des voies de recherche utiles …
« Une des clés de la réussite est la sérénité avec laquelle le dresseur et le cheval entrent dans ce travail » est une phrase simple ( page 60 ) mais tellement vraie et si souvent négligée que c'est un plaisir de la souligner !
De même, « il faut savoir anticiper la lassitude ou l'énervement du cheval et savoir s'arrêter avant même qu'il ne le signifie » est un principe si conforme à la nature du cheval, et si oublié sur les carrières et dans les manèges où s'exercent de prétendus dresseurs, écuyers, ou compétiteurs que cela fait du bien de le voir mentionné ...
Un peu d'érudition vient s'ajouter à la facile lecture de ce livre lorsque l'auteur cite Faverot de Kerbrech : « Dès que l'animal s'inquiète, cesser, calmer, flatter, recommencer ». Qu'ajouter de plus, sinon que nos grands anciens n'avaient pas besoin d'éthologues pour leur faire comprendre la psychologie animale !
Est-il plus facile de saisir la phrase ( page 69 ) : « il doit comprendre que l'inconfort créé par la badine s'arrête dès qu'il obtempère » ou bien de savoir ce que veulent dire les scientifiques lorsqu'ils parlent de « renforcement négatif » ? En fait, c'est la même chose …
L'écuyer enfonce le clou avec des remarques frappées au coin du bon sens comme : « par nature, il n'y a pas de chevaux récalcitrants, il n'y a que des chevaux mal éduqués, mal préparés, ou manqués par l'homme ». Hé oui, ce n'est que trop vrai, à mon humble avis …
Pour faire bonne mesure, il appelle Baucher à la rescousse : « Il est rare que les défenses aient d'autres causes que la faiblesse du cheval ou l'ignorance du cavalier ».
Et puis, vous trouverez dans ce livre si intéressant des conseils techniques concis et précis sur les « points de touche » de la cravache dans ce travail à la main. C'est assez rare de les voir exposés si simplement ; même si je crois qu'il serait préférable de ne pas s'y essayer tout seul … Les pages 80 à 89 y sont consacrées, là aussi avec les photos qui expliquent mieux que de longs discours …. Point n'est besoin de plus de commentaires pour encourager à la lecture de cet ouvrage, voire à son application sur le terrain avec des chevaux calmes et confiants !
B M 23/01/2016