Sophie Bienaimé et Marine Oussedik ont écrit un journal de dressage à deux voix . Le titre : la leçon de dressage . Comment ont-elles eu l’idée de cet ouvrage en commun ? Au fil des pages, on vérifie ce que l’introduction par Jean-Louis Gouraud laissait présager … c’est bien encore une de ses idées (géniales, forcément géniales) qui a ici été mise en pratique ! Et quelle bonne idée car l’artiste et la cavalière sont aussi deux amies qui s’entendent fort bien…. Alors la commande ne pouvait mieux tomber, car entre les dessins et les descriptions de l’une, les explications et les sensations de l’autre, c’est toute la passion des chevaux et du dressage qui s’exprime !
Au fur et à mesure des chapitres, tous annoncés d’un verbe qui illustre les étapes de ces 9 mois de compagnonnage ( durée suffisante pour que ces deux-là nous aient produit un si bel ouvrage ), nous faisons connaissance avec les deux chevaux de Marine, leur tempérament, leurs qualités et parfois leurs défauts, et avec certains des chevaux de Sophie, qui participent à la pédagogie par l’exemple dont elle fait profiter son élève et amie. On devine que les deux femmes ont dû bien s’amuser à mettre en musique leurs impressions sur le papier … D’autant plus que de charmantes digressions évitent d’en faire un traité technique et abscons, qui ne parle que d’équitation !
Les exercices de dressage sont bien présents cependant. Dans les pages de ce livre, les chevaux travaillent et évoluent, apprennent à se déplier aussi bien qu’à piaffer. La progression de l’entente et de la gymnastique sont en phase avec la qualité de la relation cheval-cavalière aussi bien que celle cavalière-enseignante. Ce triptyque est la base de toute progression en dressage, d’autant plus que l’humour et l’harmonie, l’amour et la philosophie ( équestres cela s’entend ) en illustrent les étapes.
Certains pourraient trouver que les conseils techniques gagneraient à être plus explicités, que parler de contre-pli, de demi-pirouettes et d’engagement aurait mérité plus de définition et de précision, mais ils auraient tort. L’utilisation de ces éléments techniques ( qui illustrent d’ailleurs tout notre héritage de la tradition équestre française ), l’utilisation de tout ce vocabulaire qui est familier aux spécialistes et qui étonne ou enthousiasme les profanes, est bien là en permanence. Mais comme une évidence, sans lourdeur ni volonté didactique inutile : et c’est justement ce qui fait le charme de cet ouvrage. Il n’est pas là pour enseigner, de nombreux ouvrages sont là pour ça ; il est là pour témoigner de la joie d’avoir des chevaux bien portants et se portant d’eux-mêmes ; il est là pour démontrer qu’une équitation juste pratiquée par des cavalières passionnées permet d’arriver aux sensations les plus sophistiquées et aux exercices de haute école des plus hautes difficultés.
Alors un grand bravo à ces deux auteures, qui par cette œuvre, comme par les dessins et sculptures de Marine, comme par les spectacles et démonstrations de Sophie, vont encore émerveiller des enfants, déclencher des passions, enthousiasmer les publics et développer s’il en était besoin le sentiment du cheval et le goût de l’équitation. Puisse ce livre donner aussi les pistes qui permettent à tout un chacun de s’adonner à la pratique d’un dressage bien conduit et respectueux de la personnalité et des capacités de nos amis chevaux !
B M 03 / 05 / 2017