Maintenant que le nouveau site est en place, et que l'équipe s'étoffe, ALLEGE IDEAL va recommencer à communiquer pour faire parler de l'association, et surtout faire connaitre les personnes qui se reconnaissent dans notre tradition équestre, et qui défendent les principes classiques par leur équitation ou leur enseignement . Commençons par un texte de Jean d'Orgeix qui concerne l'équitation de saut d'obstacles, mais pas que ... et qui est toujours d'actualité !
B.M
Depuis fort longtemps, Je pense qu’un cheval doit être « dans une totale soumission, mais dans une complète liberté musculaire ».
Il y a quelques jours lors d’une interview Ludger Berbaum, n°1 mondial de l’équitation d’obstacles a dit : « … Voir John Withaker monter avec tant de légèreté, de fluidité, fut comme une révélation. Les chevaux allemands sautaient bien et haut mais pas avec la même envie et la même régularité. On a besoin de contrôle, de beaucoup de contrôle, mais en laissant de la liberté aux chevaux. »
Les deux phrases relèvent exactement de la même réflexion. Certes, le cheval doit être parfaitement dressé. Le cavalier doit pouvoir changer à son gré son équilibrage, varier sa cadence, faire abaisser ses hanches, ployer son encolure mais tout ceci uniquement grâce à des actions d’une extrême légèreté, ne provocant aucune contraction musculaire.
L’équitation ne doit surtout pas s’enfermer sur elle-même. Elle doit savoir s’inspirer d’autres activités avec lesquelles il existe des points communs.
Tout d’abord avec les « animaliers ». Trop … trop souvent les cavaliers cherchent à faire exécuter des mouvements à leurs chevaux grâce à la seule action (souvent coercitive) des aides et sans chercher à expliquer, faire comprendre au cheval ce que l’on attend de lui. Mais de cela nous reparlerons plus tard.
Autre observation : les athlètes humains sur un stade se préparant à une compétition. Observons cette constante recherche de décontraction, de relaxation … de souplesse. L’athlétisme s’est rendu compte que la décontraction préalable engendre une capacité de détente bien plus grande.
Or en équitation c’est le cheval l’athlète… C’est bien lui qui, pour le saut d’obstacles, va devoir franchir ceux de tout un parcours. Plus il sera décontracté, souple, plus ses moyens d’expression musculaire seront puissants et moins il fera d’efforts. Cette complète décontraction en équitation implique un impératif absolu : LA LEGERETE.
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La légèreté en équitation ne relève donc pas seulement de « la beauté de l’art équestre », de « l’élégance », du « plaisir » à tout obtenir de son cheval par des actions infimes, elle a trait aussi, et peut-être surtout, à la qualité, la puissance, de l’expression sportive.
La légèreté est donc un impératif de la très haute équitation.
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Mais la légèreté n’est pas un but lointain, le stade final d’un « dressage » progressivement dosé, non ! Elle doit être la base première sur laquelle le dressage va pouvoir s’effectuer….
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…. C’est le dressage d’ordre psychique que pratiquent tous les animaliers ; qu’ont pratiqué presque tous les grands cavaliers mais qui curieusement n’est pas entré dans le cadre de l’enseignement équestre classique.
Le mot « appui » couramment employé a été, et est encore source d’incompréhension. Ce n’est pas nouveau. Le Colonel Guérin, un des plus grands écuyers en chef de Saumur écrivit en 1847 : « L’appui, ce mot qui fait tant de mal. Comprenons que l’appui est le sentiment devant exister entre la main du cavalier et la bouche du cheval. Sentiment qui commence et finit au plus léger des contacts. »
Voilà ce qu’était l’appui des grands classiques de l’équitation académique d’autrefois ; l’appui des très grands cavaliers d’obstacles actuels. Il peut être symbolisé par cet aphorisme :
« Il n’est pas nécessaire qu’un fil soit tendu pour que le courant passe. »
Jean d’Orgeix
(extrait d’un article écrit en 2002)