Et ce qui m'avait frappé dans cette reprise, c'était que vous étiez heureuse de venir vous frotter à ce monde de la compétition, et sans doute plus heureuse que beaucoup de ceux qui étaient là, et que votre cheval faisait tout ce qu'il pouvait pour en affronter la complexité, sans jamais être contraint ni gêné dans son travail grâce à votre bonne entente .
Et puis je vous avais revus une autre fois c'était lors d'une Journée Régionale Allege Ideal, où il n'y avait pas d'enjeu ou de travail imposé, et où vous aviez montré comme en vous jouant que les exercices compliqués ne le sont pas forcément, même avec un cheval qui n'avait pas à l'origine le tempérament ou la souplesse adéquates, et que l'harmonie d'un couple c'est à la fois des bases justes, données par votre travail de longue haleine avec notre ami Christian, et un plaisir quotidien, pour le cheval de suivre sa séance de travail, et pour la cavalière de sentir la locomotion, l'acceptation des aides et l'accès au rassembler qui permet l'abord des mouvements de haute école avec aisance . Votre sourire ce jour là, et la décontraction ( plus acquise que naturelle ) de votre cheval sont restés dans ma mémoire .
Alors pour toutes ces bonnes émotions que nous gardons, chère Josette, je vous adresse toutes nos condoléances de la part d'Allege Ideal, et toutes nos amitiés.
"Il ne fera plus ses mimiques pour réclamer des carottes.
Il ne fera plus son hennissement qui n’était qu’un souffle rauque.
Je suis triste, très triste.
Paganini est mort vendredi dernier.
Un accident à la longe. Un postérieur n’est pas revenu sous lui et il est tombé lourdement. Fracture du fémur.
Il avait 20 ans.
Nous avons cheminé ensemble pendant 13 ans. En visant l’objectif d’aller au Grand Prix, nous avons réalisé un parcours d’entraide mutuelle, où tout était imbriqué. Le fait de réparer son physique et d’affiner la communication l’a tiré d’une partie de son autisme. En même temps, lui, m’a tiré vers la vie pendant mes chimios.
L’objectif a été atteint, et, en prime, cela lui a permis d’être suffisamment dans la réalité pour pouvoir aller au pré. Et même plus, depuis deux ans, il s’était fait un copain en Picasso (bon, c’est plutôt Picasso qui l’a pris sous son aile), étonnant duo (mais peut-être pas tant) entre un cheval agressif et un cheval qui ne savait pas parler cheval.
Paganini le virtuose. Oh, oui, assurément !
En le voyant avec son côté anguleux et des gestes qu’on aurait aimé plus amples, les personnes qui l’ont monté ont toujours été surprises de découvrir à l’intérieur un cheval extraordinaire de sensibilité. Sa capacité d’attention hors-norme mettait le cavalier qui savait jouer, au centre d’un univers fantastique d’intimité.
Le colonel Carde l’a qualifié «d’animal merveilleux ».
C’était ce qu’il était."