LA GYMNASTIQUE DES CHEVAUX DE SPORT est un sujet passionnant, et c’est aussi le titre d’un livre écrit par quelqu’un qui était jusqu’à présent pour moi un inconnu, François DENIS .
Mais c’est un cavalier d’obstacles, qui travaille et dresse des chevaux depuis longtemps, et qui a côtoyé des personnalités connues dans le monde de l’obstacle .
L’intérêt de son livre, c’est qu’il concerne le travail sur le plat, et qu’il expose une pratique respectueuse du mental des chevaux, du fonctionnement de leur dos, et par là même défend une certaine idée de la légèreté …
D’ailleurs, il commence dès la p.12 en disant : « Beaucoup de cavaliers de dressage souhaiteraient travailler leurs chevaux un peu plus ouverts dans leur nuque mais les critères exigés par les juges les obligent à une position de l’avant main allant à l’encontre du bon fonctionnement biomécanique des chevaux » . Cela concerne bien sûr un dressage caricatural et des juges manquant de compétence technique, mais cela pose assez bien un débat qui, à ALLEGE IDEAL, nous intéresse .
Son analyse des mouvements et exercices gymnastiques est plutôt classique, et pleine de conseils très pratiques pour les cavaliers d’obstacles, mais souvent qui gagneraient aussi à être mis à profit par des cavaliers de dressage, par exemple : « Un danseur étoile doit tous les jours retourner à la barre et exécuter tous les exercices de « base », sans quoi très rapidement il serait dans l’incapacité de réaliser les mouvements plus exigeants d’un ballet . »
Il ne s’encombre pas de principes pour donner son idée du fonctionnement du dos du cheval : « Dès qu’un cheval se lâche dans une position correcte de gymnastique, sa structure dorso-lombaire prend de la mobilité et il est désormais, obligatoirement dans un fonctionnement physique optimal et dans un déséquilibre tolérable . »
Comme cette notion d’équilibre est moins fondamentale à l’obstacle, puisque la présence des barres à sauter va « redresser » le cheval, il accepte des attitudes qui sur le plat peuvent nous sembler trop basses ou en tous cas trop sur l’avant ( photos de galop à faux p.85 ) ; mais il relativise bien ces différences entre l’équitation orientée dressage ou obstacle avec un paragraphe fort juste et qui me ravit : « Que les chevaux de dressage doivent avoir en permanence un centre de gravité plus en arrière et plus bas que les chevaux de concours ne semble pas logique . En effet, dans une battue d’appel, un cheval a son centre de gravité bien plus en arrière et plus bas, pratiquement comme dans une pirouette . Cet abaissement du centre de gravité ne dure que le temps de la pirouette ou de la battue d’appel . Une fois le cheval reparti devant lui, son centre de gravité change de nouveau, pour retourner vers l’avant . Quelle gymnastique physique ! »
Il reconnaît avec humilité ses limites : « Encore aujourd’hui, à cheval, je n’ai toujours pas compris cette idée d’équilibre ; elle reste pour moi un mystère ! » Mais peut-être il exagère …
Là où François Denis recueille 100 % d’agrément, c’est lorsqu’il mène le même combat que nous contre la mauvaise équitation : « L’équitation habituelle que nous voyons tous les jours : celle sans logique, sans compréhension, dans la soumission et celle coutumière de la méchanceté et des tortures gratuites mais acceptées. » Il est dur, mais il a bien raison : « Les chevaux sont bons et la rétivité ne vient jamais toute seule . Elle est toujours engendrée chez le cheval par notre incompréhension et par de mauvais traitements . »
Une autre des qualités de cet auteur, c’est d’être anti-rênes allemandes, et on trouve dans ses pages une bonne explication de leurs méfaits . Et puis cela fait du bien de voir quelqu’un rappeler que les pauses dans le travail sont nécessaires, et que les promenades sont indispensables …les chevaux d’obstacles et les autres pourront l’en remercier !
B M 25 / 04 / 2011