Elle continue à monter et travailler ses chevaux, tout en luttant contre la maladie. Elle m’a appelé il y a environ un mois, un matin. Sur ses chevaux, disait-elle, elle a réussi une synthèse. Elle a compris une sensation qu’elle n’avait trouvé que sur LEVANTE, et qu’elle n’avait jamais retrouvé sur d’autres chevaux du maître Oliveira, à part Ingemisco peut-être.
Pour définir cette sensation, elle a commencé par faire un lien avec la position de main qu’elle utilisait pour partir du galop sur place au passage : préparation avec les rênes dans une main (pouce de la main extérieure sur la main intérieure d’opposition, avec la rêne de bride intérieure séparée par le petit doigt. Et elle a poussé le cheval pour lui faire franchir le mors, avec le soutien de la base d’encolure, dégagée comme dans les allures moyennes ; ça a marché avec OSO, qui a tendance à se figer, bloquer l’encolure pour se relâcher derrière, ça a relevé ses épaules d’une façon spectaculaire… !
Bettina apprécie cette combinaison d’aides et l’explique comme un mélange un peu spécial. Mais surtout elle trouve que c’est la pierre angulaire (corner stone) de l’explication des savoir-faire du Maître en haute école. Elle pense qu’il le faisait naturellement, car c’était le fruit de son expérience. Il ne l’avait jamais vraiment exprimé ni n’en avait fait une synthèse complète.
Elle m’a dit : « Heureusement que je me suis aussi intéressée à d’autres techniques, entre autres à Fillis via les films que nous a présentés Gabriel Cortes, et heureusement que j’ai les idées assez claires, malgré les traitements, car je vais pouvoir filmer et discuter de la synthèse des trois techniques, La Guérinière, Baucher et Fillis, pour en faire une sorte d’amalgame, et voir jusqu’où on peut aller. »
Et elle ajoute : « Parce que c’est une sensation bien réelle. Cela fait une vraie différence dans les zig-zags (contre-changements de main en appuyant) au trot et dans la préparation de la sortie de pirouette vers le changement de pied avec une jambe active derrière. Je pense que c’est quelque chose qui serait très utile pour les cavaliers de concours, car ça enlèverait cette opposition de la rêne contraire extérieure qui bloque le postérieur intérieur : tout le problème des piaffer, pirouette et transition piaffer-passage vient de là, et aussi le problème de cette encolure trop fermée, trop plaquée. »
Bettina, toujours modeste, avoue même : « Il faut que j’approfondisse ça … Mais je suis contente de l’avoir retrouvé. C’est excitant d’avoir fait le chemin avec des gens comme vous pour comprendre les différentes gammes de contact que comporte l’équitation de sport, pour pouvoir isoler les composantes de cette technique du Maître, qui pourrait vraiment rendre beaucoup plus sympathique la vie des chevaux et des cavaliers de sport au haut niveau ! »
Elle revient ensuite à ses chevaux, qu’elle continue à travailler : « OSO est un bon exemple, une bonne vedette, un candidat parfait, car il est un peu «lazy warmblood» (demi-sang paresseux) derrière et un peu ibérique devant, prêt à se braquer au-delà de la main quand on le met trop sur la rêne de bride. Donc il est parfait comme candidat pour voir jusqu’où on peut aller. »
Comme quoi une grande écuyère, une des meilleurs à retransmettre l’enseignement de Nuno Oliveira, et à le prouver, en concours d’abord, en spectacle encore aujourd’hui, même sous la pression d’une santé mal en point mais en plein traitement, est toujours prête à se remettre en question. Et elle est très excitée par cette « découverte » … !
Quelques photos, prises au début du mois dans un manège voisin et nouveau pour ses chevaux, vous montreront la maîtrise de Bettina et la justesse des attitudes de ses chevaux !
Familiarisation avec le miroir "OUI, c'est bien nous !"
Le bon contact - au trot
Début du travail au trot
Début du travail au galop
Le bon contact - au galop
Moment de respiration
Un piaffer parfait pour finir !
BM 03/05/2021