par Ifce - équi-ressources - Charlène LOURD - Hélène ROCHE - Léa LANSADE - Marianne VIDAMENT
L’éthologue équin, appelé également éthologiste, est un(e) scientifique s’intéressant aussi bien aux chevaux sauvages qu’aux chevaux domestiques. L’éthologue étudie le comportement animal en s’appuyant sur leur organisation sociale, leur reproduction, leurs jeux, leur bien-être, leur façon d’apprendre... Comme tout chercheur, l’éthologue doit être capable de diffuser son savoir au travers d’ouvrages, d’articles scientifiques, de conférences…
Attention, l’éthologie, la science qui étudie le comportement animal, est parfois confondue avec l’équitation dite « éthologique » qui concerne une manière de travailler les chevaux. Ces deux métiers, tout aussi intéressants, sont pourtant totalement différents.
Différents métiers autour de l’éthologie scientifique
Le titre d’éthologue ou d’éthologiste, qui n’est actuellement pas protégé, nécessite que la personne ait suivi une formation longue de chercheur (au moins niveau Bac+5) et peut concerner différents métiers : ingénieur, chercheur ou technicien.
Pourtant, certains professionnels sont appelés ou se désignent « éthologues » alors qu’ils n’ont pas fait d’études scientifiques en éthologie. C’est le cas de certains cavaliers, entraineurs, éleveurs… qui ont des connaissances en éthologie. Il est en effet possible d’accéder à des connaissances scientifiques en éthologie pour enrichir son métier. Des formations universitaires, destinées aux professionnels, existent également pour quiconque souhaite être initié à l’éthologie. C’est par exemple le cas des DU d’éthologie qui proposent 200 heures de formation auprès de chercheurs pour acquérir certaines notions ou méthodes de l’éthologie (exemples : DU Ethologie équine, DU Ethologie générale de l’université de Rennes, DU Relations Hommes-Animal de Paris 13). On peut citer d’autres manières de se former comme des formations en ligne, tel le MOOC Cheval du Haras de la Cense ou les formations proposées par Hélène Roche, spécialisée en vulgarisation.
Ainsi, les connaissances du cavalier, entraineur, éleveur… sont alliées aux connaissances en éthologie. Abusivement, certains professionnels sont appelés « éthologues » alors qu’ils n’ont pas fait d’études scientifiques en éthologie. Par ailleurs, l’éthologie, science qui étudie le comportement animal, est parfois confondue avec l’équitation dite « éthologique » qui concerne une manière de travailler les chevaux.
A savoir que depuis 2014, la SFECA (Société Française pour l’Etude du Comportement Animal) a mis en place au plan national un « label SFECA » assurant qu’une personne installée en tant que comportementaliste ait acquis les prérequis indispensables à l’exercice de son activité en France. L’objectif est de s’assurer que les professionnels du comportement animal possèdent toutes les compétences nécessaires pour venir en aide aux propriétaires d’animaux présentant des troubles du comportement et leur offrir une possibilité de recours en cas de litige. Ce label SFECA ne constitue pas un diplôme mais l’assurance que le professionnel est un « comportementaliste » reconnu qui possède des bases théoriques et une expérience pratique en éthologie, lui permettant d’exercer son activité de manière adaptée. Toutefois, ce label n’est pas protégé. Ainsi, les vétérinaires reçoivent des formations comportementalistes qui ne sont pas en lien avec le SFECA.
Chercheur en éthologie
Le chercheur en éthologie étudie le comportement des animaux (dont les humains). Il travaille au sein d’une équipe de recherche (Cnrs, Inra, université…) qui étudie les mêmes thématiques (comme l’apprentissage, les relations sociales…), généralement sur différentes espèces animales. Pour être reconnu, ses travaux doivent être régulièrement publiés dans des revues scientifiques internationales à comité de lecture. Cela signifie que ces travaux sont expertisés par des chercheurs indépendants avant d’être diffusés. C’est un gage de qualité.
Formation requise : parcours LMD (Licence en biologie, Master, Doctorat dans la discipline), soit 8 années après le BAC. La formation est davantage détaillée dans la partie suivante.
D’autres métiers en lien avec l’éthologie scientifique existent :
Ingénieur de développement et de diffusion en éthologie
L’ingénieur de développement et de diffusion en éthologie diffuse les connaissances issues de la recherche en éthologie ou développe des outils qui serviront à la filière équestre, en se basant sur les travaux de recherche (exemple : tests de personnalité, techniques d’apprentissage, outils d’évaluation du bien-être…). Il doit avoir directement accès aux articles publiés par les chercheurs.
Formation requise : formation en biologie niveau Master 2 (5 années après le BAC), de préférence en éthologie (exemple : Master éthologie appliquée).
Technicien ou assistant ingénieur en éthologie
Le technicien ou l’assistant ingénieur en éthologie participe directement et aide aux expérimentations. Il travaille en lien direct avec le chercheur, participe à la mise au point des expérimentations et, surtout, les met en œuvre auprès des chevaux. Ses principales qualités sont la rigueur et la patience, car les expérimentations en éthologie sont longues et souvent répétitives. Il doit aussi faire preuve d’adaptabilité, puisque chaque protocole de recherche est unique. Il doit donc pouvoir s’adapter aux réactions des chevaux qui sont parfois imprévues, mais aussi aux contraintes scientifiques. Sans lui, aucune étude n’est possible. C’est un poste clé. En général, le technicien travaille avec différents chercheurs et différentes espèces animales.
Formation requise : formation en biologie niveau L3 ou plus et réussite à un concours de l’université ou d’instituts scientifiques (Cnrs, Inra).
Le cursus de formation en éthologie : un goût prononcé pour la recherche et les études
Lorsque l’on s’oriente vers le métier de chercheur en éthologie, mieux vaut aimer les études !
Bien qu’il existe plusieurs parcours possibles pour atteindre ce métier, le Master mention Ethologie proposé en France à l’Université de Rennes 1 et l’Université de Paris 13 constitue la voie royale. Deux parcours composent ce diplôme. Du choix des parcours dépendront les critères de sélection et les débouchés : parcours Comportement animal et humain, parcours Comportement, bien-être et sécurité : la relation homme-cheval.
Accessible après un Bac+3, il est indispensable d'avoir suivi des cours d'éthologie en Licence pour intégrer le Master mention Ethologie parcours Comportement animal et humain. Tandis que pour le Master mention Ethologie parcours Comportement, bien-être et sécurité, il est impératif d'avoir un contrat d'apprentissage. Néanmoins, la commission accueille favorablement la candidature d’autres mentions de Licence présentant un parcours en cohérence avec la formation (comme un parcours Sciences cognitives par exemple). Chaque université se réserve le droit d’étudier les dossiers de candidature. Pour accéder en deuxième année de Master, l’élève doit avoir validé sa première année. Les universités proposent également des places pour des extérieurs ayant eux aussi validé un master. Le Master mention Ethologie parcours Comportement animal et humain est ouvert en formation continue avec une validation des acquis et des expériences (VAE).
Outre le Master d’Ethologie, il est également possible de valider un Bac+5 dans la discipline en suivant un Master où l’éthologie est couplée avec d’autres matières (neurosciences, écologie…). A ce stade, le diplômé pourra prétendre à un poste d’Ingénieur d’étude. En poursuivant vers un Doctorat (Bac+8), l’étudiant pourra, via un concours, intégrer une équipe de chercheurs au sein d’universités et d’institutions scientifiques (Cnrs, Inra, Ifce…). Pour y parvenir, il est recommandé, après la thèse, de réaliser une à deux années post-doctorales, de préférence à l’étranger.
Les études sont synonymes de motivation ! Véritable effet d’entonnoir, les études créent de la déperdition d’élèves au fur et à mesure des années d’étude. Etudier ne suffit pas dans une ambiance aussi concurrentielle. Il faut donc être dur à la tâche pour obtenir des résultats suffisants et prouver sa motivation. Les stages et les sujets menés à l’université font office de clés d’entrée, car ils dessineront les contours de la carrière. Mais attention, les sujets du début deviennent vite des spécialités. Un bon sujet d’étude est la meilleure des cartes de visite.
Au-delà des études, l’éthologue doit être curieux, patient et fin observateur. Mais ces trois qualités restent insuffisantes quand elles ne sont pas au service d’un travail appliqué et assidu.
Rigoureux, patient et curieux : le chercheur en éthologie est un scientifique qui expérimente
Le chercheur en éthologie doit être capable d’adapter sa méthode de travail au sujet qu’il traite. Comme tout chercheur, l’éthologiste n’a pas de journée type. Néanmoins, il réalise diverses missions telles que :
- Effectuer des recherches documentaires, c’est-à-dire lire tous les articles scientifiques internationaux dans son domaine (aspect essentiel de la recherche scientifique puisque chacun contribue à enrichir la communauté de son savoir, de ses expériences en laboratoire) ;
- Imaginer des protocoles de recherche permettant de répondre à une question scientifique donnée ;
- Soumettre ses protocoles à des appels d’offre afin d’obtenir des financements ;Observer et noter le comportement des animaux observés. Afin de pouvoir effectuer ses observations, il arrive que l’éthologiste réalise des expériences. Il utilise alors différents stimuli (visuels, nerveux, endocriniens…) afin de provoquer une réaction chez l’animal ;
- Encadrer des animaliers, des techniciens de recherche et des étudiants lors de la réalisation du protocole ;
- Récolter des données ;
- Effectuer des traitements statistiques sur les données récoltées ;
- Analyser les résultats en utilisant des techniques ;
- Tirer les conclusions et extraire un savoir de ces analyses ;
- Ecrire des articles scientifiques, faire des conférences dans des congrès internationaux ;
- Transmettre son savoir via l'enseignement, le conseil, les ouvrages, les conférences… Il aide les propriétaires, cavaliers, enseignants... à améliorer leur relation avec le cheval, en s’appuyant sur sa formation en éthologie. Le problème traité peut concerner l’utilisation du cheval, en club ou en compétition, mais aussi le comportement de l’animal au box (bien-être) ou lors de ses déplacements (transport, passage dans des zones inconnues ou perturbantes pour l’animal).
Un chercheur sachant communiquer
L'éthologue peut exercer sa profession tant sur le terrain (écurie, haras, centre équestre) que dans les amphithéâtres. Ainsi, au cours de sa carrière, il sera amené à travailler au contact d'autres enseignants-chercheurs, de scientifiques, de soigneurs animaliers…
Les possibilités d'évolution varient en fonction de l'employeur (Cnrs, universités...) et du parcours professionnel.
Volume d'emploi
Le volume d'emploi est faible (moins de 10 postes liés à la recherche-développement en éthologie du cheval à temps plein en France à l’heure actuelle).