L’association ALLEGE IDEAL fonctionne plutôt bien, donc parlons un peu d’échanges récents liés à notre sport ou loisir favori : l’équitation.

Le Vocabulaire Equestre passionne beaucoup de cavaliers, mais intéresse aussi les spécialistes, chercheurs et universitaires . Le colloque du 16 Mai 2014 à l’ENE qui les réunissait a montré les attentes des cavaliers face à ces experts, attentes insatisfaites si l’on en croit les échanges de clôture qui eurent lieu entre la DTN adjointe Emmanuelle Schramm et l’inspiratrice de cette journée d’études Laurence Bougault . Mais ce peut aussi être l’occasion pour des pratiquants de trouver les mots les meilleurs pour transmettre leurs sensations techniques .

En effet, le point le plus délicat, le premier objectif d’une telle rencontre serait de permettre au cavalier d’associer des mots « justes » du vocabulaire équestre avec les sensations « justes » qu’il ressent sur le cheval. Par exemple, pouvoir expliquer ce qu’est un cheval qui « travaille avec son dos » …. Expression aussi souvent employée qu’elle est rarement bien comprise.

Une autre voie pour ces échanges serait d’aider les cavaliers à évoluer avec le vocabulaire technique qu’ils emploient . Lorsque j’étais en formation équestre, on nous parlait de la tension, « qualité physique et morale du cheval, dont la musculature, d’une part, donne au dos et à l’encolure la fermeté élastique nécessaire pour transmettre intégralement à l’avant main l‘impulsion fournie par les hanches, et dont la soumission, d’autre part, l’incite à conserver constamment le contact de son mors en étant toujours prêt à se porter en avant ». Aujourd’hui, évoluant souvent dans le dressage international, j’ai l’occasion d’employer le mot « tension » en anglais, qui veut alors dire « contraction ». Il me semble donc utile de ne plus l’utiliser en français, et il est beaucoup plus clair et sans doute plus moderne d’utiliser le mot « connexion », pour exprimer la même sensation d’un cheval qui pousse et se porte de lui-même grâce à son impulsion…
Bien évidemment, les linguistes nous aident aussi à traduire d’une langue à l’autre, et pourraient même être mis à contribution pour aider à unifier la traduction des mots techniques . Par exemple, le cheval « sur la main » en français est « on the bit » c’est-à-dire « sur le mors » en anglais et « am Zügel » c’est-à-dire « à la rêne » en allemand….Ces différences sont-elles d’essence pratique ou bien ont-elles un fondement culturel ?

Plus grave sont les incohérences entre les différents concepts équestres selon la langue employée. Prenons le cas de « l’impulsion » définie comme le « désir du cheval de se porter en avant ». En anglais c’est le même mot et la même définition. En allemand elle est traduite par « Schwung » qui veut dire « élan » ou « propulsion » ce qui indique clairement qu’il n’y a pas de « Schwung » au pas . Et les règlements FEI de dressage, discipline où la langue allemande a quelque poids, s’emmêlent pour accommoder à la sauce internationale des phrases en anglais traduit de l’allemand, mais qui ne prennent pas en compte la dimension psychologique de l’impulsion chez notre monture favorite…

Ces clarifications et échanges entre le monde du cheval qui a besoin de livres et de mots pour que se transmette sa passion et ses techniques et le monde des experts linguistes sont un champ de rencontres illimitées qu’il nous revient d’aider à cultiver.

Dans cet esprit, les membres de notre association auront d’autres occasions de venir à Saumur défendre l’équitation classique, et nous vous parlerons bientôt des rencontres prévues en Octobre prochain, les 16 et 17 pour ceux qui souhaitent en réserver les dates dès à présent !

                        B M 05/06/2014