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26 janvier 2016.

« Modestie, bienveillance et positive attitude »

BienaimeAux grandes écuries des Princes de Condé, à Chantilly, ces bâtiments gigantesques abritent le « Musée du Cheval ». Et il est bien vivant ce musée ! Quand vous arrivez, l’accueil est chaleureux, le sourire est sur tous les visages. A l’image de la personnalité de celle qui en est le porte-drapeau, Sophie Bienaimé.

En 2006, Yves Bienaimé, le fondateur, vend le musée à la « Fondation pour la sauvegarde et le développement du Domaine de Chantilly », présidée par S.A le Prince Aga Khan. Et l’écuyer-professeur passe le flambeau à sa fille, Sophie. Ainsi, la cavalière, déjà très impliquée dans les spectacles, doit faire face aux responsabilités pour mener ce « vaisseau de pierre », comme elle l’appelle, et endosse le rôle de chef d’équipe.

Etrangement, Sophie n’a jamais considéré l’équitation comme un métier. Elle fut attachée de presse à mi-temps au musée, mais sa passion l’a rattrapée. Et aujourd’hui, son quotidien est bien rempli ! Les réunions, la mise en place de plannings, la communication auprès des partenaires, des personnalités locales et autres, le travail d’équipe avec les six à huit cavalières présentes et autres artistes, l’entrainement et les répétitions avec les chevaux… Mais bien sur, il s’agit des coulisses, car la partie visible ce sont les spectacles et représentations. Durant les vacances de Noël 2015, quotidiennement, il y a eu 2 représentations par jour auxquelles ont assisté 24000 personnes !

Vous comprendrez donc que malgré la bonne humeur et la sérénité qui habitent ces lieux magnifiques, la pression et le stress existent aussi parfois ! Et il faut savoir être solide face à cela ! La solution est dans l’esprit de cohésion de la troupe. Le premier rôle que se donne Sophie Bienaimé, c’est de préserver l’équipe et les chevaux.

Ces derniers sont arrivés au fur et à mesure, parfois lié aux besoins, et souvent élus au travers de coup de cœur, tel que « Vintage ». Mais « Amistoso » et « Quin », par exemple, ne sont pas en reste, et profitent de la bienveillance et de l’amour que leur apportent Sophie ou Caroline, responsable de l’écurie et des soins. C’est ainsi qu’ « Amistoso », totalement allergique aux applaudissements, a trouvé la confiance et le plaisir de participer aux spectacles par la patience et le dévouement de ces écuyères.

Et ces écuyères alors ?! Pas de compétition entre elles ?! Et bien non, ce n’est pas le genre de la maison ! L’autonomie et l’envie de partager sont les règles. Et pour rendre ces cavalières belles à cheval, il faut d’abord leur donner la possibilité d’être elles-mêmes ! Chacune exprime ses choix. Leur espace de créativité est respecté, le travail et le talent font le reste. La générosité est instaurée dans les murs et les cavalières s’auto-transmettent leurs savoirs. Ainsi, les talents de chacune sont mis en valeur et peuvent servir à l’autre. Sophie Bienaimé vous dira : « On a tous quelques chose de bien à partager. » Elle a pourtant fait partie de ces cavaliers qui doutent, qui peuvent avoir une crainte, confrontée au regard des autres. Autrefois inconsciente, en évoluant en âge, la conscience s’installe dans cette réalité des représentations face au public. Inspirée par des cavaliers de compétition, cette femme à la sensibilité bien réelle s’est tournée vers la sophrologie. L’envie de progresser, de travailler, de se faire plaisir, ont eu raison de ses doutes.

Mais ne croyez pas que cette talentueuse cavalière reste enfermée dans son « palais pour chevaux », coupée du monde. Certes, elle y investit une grande partie de son temps, mais elle s’intéresse aussi à ce qui se passe à l’extérieur. Des références ? À Saumur par exemple, et elle aime travailler avec Olivier Puls. Cet écuyer du Cadre Noir la rejoint deux fois par an pour des séances de travail. Il y a quelques années, Sophie a également passé une semaine chez Michel Henriquet. Et une référence qu’on ne peut oublier, Yves Bienaimé, son père écuyer-professeur, qui a été formé par le colonel Jousseaume ! Pour ce qui est de l’admiration portée à nos contemporains, elle cite l’équitation d’Eric Navet, en parlant d’un cavalier « touché par la grâce », et pratiquant un art de toute beauté. Elle a été marquée par son sang froid, son pouvoir de concentration, mais aussi par sa bienveillance à récompenser son partenaire, lui donner les rênes. Quand elle fait allusion à Alizée Froment, elle emploie les termes « magnifique », « exceptionnel ».

« Ces exemples permettent de dire que la bonne position est nécessaire pour faire du bien au cheval. Et que le beau va avec le juste pour créer l’harmonie. Ainsi, nait la compréhension entre le cheval et le cavalier. »

Sophie Bienaimé est convaincue que l’équitation de spectacle a trouvé une reconnaissance qui a servi les autres équitations. Cela a favorisé la complicité et le bien-être dans l’utilisation du cheval. Et beaucoup d’espérance en l’avenir se dégage de ses propos. L’existence d’associations comme « Allege-Ideal » permet d’imaginer que le meilleur reste à venir, que nous continuons d’avancer. Et tous ces enseignants qui n’ont pas eu le temps de se former, d’accorder de l’importance à notre culture, peuvent donc trouver des références et progresser. Il y a aussi le développement de l’éthologie et de ces connaissances du comportement animal qui sont de bons augures pour la suite. Enfin bref, vous l’aurez compris, notre passion nous porte, à nous de la rendre belle. C’est ce que fait Sophie !

     Yann Desmonts